Autrefois les maisons parlaient (aucune allusion aux fantômes) (encore que) : il y avait les greniers, l’usure des tables, les tapis usés, les traces de doigts sur les murs, les bibelots qui en savaient long, les paquets de lettres et les petites photos carrées ; les draps raccommodés. C’était le murmure des morts. On faisait parti d’une lignée, d’une communauté humaine pour le moins. De quoi rassurer.
Tandis que la course folle à la mode (au Nouveau) —maisons froides, lisses, proprettes ; cuisines du « dernier cri »— fait de nous des orphelins. Devant cette révolution permanente, l’âme se révolte parfois, voici le prix, voici le tourment : à qui son petit comprimé du soir, à qui son petit potager, à qui sa robe façon grand-maman, sa barbe XIXème, son dimanche au musée, sa soirée devant les vieilles anglaises. On se raccommode.
L’âme est-elle plus lente ? plus sobre ? plus raisonnable que la raison ? Tendons-lui l’oreille. Soyons démodés.
Il y a encore quelques maisons qui parlent. Il y a, dans les maisons proprettes, quelques objets oubliés qui parlent. Tendons l’oreille.
C’est leur dernier cri.